INTERVIEW : Marina BALLAN, chargée des relations entreprises au sein de l'Institution Charmilles

INTERVIEW : Marina BALLAN, chargée des relations entreprises au sein de l'Institution Charmilles

Pour Marina, travailler dans l'éducation, c'est s'investir pour le futur en accompagnant les jeunes à trouver leur voie. Pour ce faire, sa grande mission est d'aller à la rencontre des entreprises pour les mettre en relation avec les étudiants.

Marina, ce que tu aimes dans ton travail au quotidien :

Ce que j’aime dans mon quotidien, c’est que j’ai la chance d’avoir une grande diversité sur le travail et notamment aller à la rencontre des entreprises. Et ça j’adore parce que j’aime bien le contact humain, c’est une évidence.

Et j’ai à cœur cette satisfaction client, rencontrer et connaitre une entreprise, ce qu’elle apporte, car notre bassin grenoblois est riche, en diversité d’entreprises, et ça permet de connaitre plein de corps de métiers, de savoir comment ils fonctionnent, quelle est leur politique en matière d’alternance, de voir leurs besoins, et de comprendre leurs activités et les métiers qui s’y rapprochent. Ça effectivement ça me comble car je suis assez curieuse de nature et j’aime rencontrer les gens. Donc ça me satisfait pleinement.

Travailler dans le milieu éducatif participe à cet épanouissement ?

Bien sur que ça joue, je suis maman aussi, donc forcément, et les jeunes sont le monde de demain aussi. Quelque part, ça me maintient jeune aussi. On a l’impression d’apporter quelque chose pour le futur, d’aider les jeunes. On sait aussi toute la difficulté de chercher une entreprise, et il nous faut, sans tomber dans l’assistanat, essayer de leur faire passer, à travers notre travail, les valeurs du travail. Les jeunes ne connaissent pas encore le monde de l’entreprise, ils ne connaissent pas tous les rouages donc du coup on a aussi ce rôle avec notre expérience à nous.

Et puis je trouve qu’ils nous permettent aussi de voir l’évolution dans le travail, car on voit maintenant qu’ils n’ont pas la même perception du travail, et nous il faut qu’on s’adapte à ça. Les entreprises que je rencontre m’en font part : elles ne managent plus les gens aujourd’hui comme elles le faisaient il y a 20 ans, donc il faut essayer de comprendre comment ça va évoluer, cette nouvelle façon de travailler, sans pour autant perdre les valeurs du travail, qui je pense sont comme les valeurs de l’éducation, qui sont des choses qui resteront à jamais appréciées. Cette justesse là n’est pas facile à percevoir pour les recruteurs, et ça c’est aussi intéressant, ça permet de se remettre en question soi même.

Tes missions principales :

Je suis chargée des relations entreprises au sien du CFP. Ma mission est d’aller rencontrer les entreprises avec lesquelles on est partenaire, mais aussi de nouvelles entreprises, essayer de comprendre quels sont les métiers qui y sont attachés, appréhender leur fonctionnement, essayer de bien la connaitre, savoir l’intérêt qu’ils portent à l’alternance, en sachant que toutes sont très sensibles à cette passation de relais, donc ils sont assez ouverts à ça, à l’apprentissage. C’est même de plus en plus apprécié. Mon rôle c’est aussi de mettre de l’huile dans les rouages pour que tout le process de recrutement se passe bien, entre les jeunes, les entreprises qui veulent les accueillir et le pôle administratif. Ce rôle-là s’étend sur toute l’année, avec des périodes de recrutement plus intenses sur le printemps et l’été bien sur.

J’ai aussi la mission de présenter les grands projets qu’on a aux charmilles, envers les entreprises afin qu’elles nous versent leur taxe d’apprentissage. Tu sais, la TA est un impôt qui est dû, par les entreprises, elles sont obligées de la payer, et c’est 13% de la masse salariale. Et nous, c’est ce qui nous permet de mette en place nos projets, et on compte beaucoup sur ces participations d’entreprises.

En l’occurrence cette année, on a de très beaux projets, comme des plateaux techniques innovants qu’on veut mettre en place au sein de l’établissement, et on veut aussi aller vers l’établissement 4.0 au service des enseignants comme des élèves. Car on sait maintenant que c’est indéniable, l’outil informatique devient incontournable. On a besoin de former les jeunes. C’est super important de les sensibiliser, d’ailleurs je remercie par avance toutes les entreprises qui auront la bienveillance de nous léguer leur TA car on en a vraiment besoin, en tant qu’organisme formateur, et les élèves seront très reconnaissants envers ces entreprises. C’est au profit d’une belle qualité d’enseignement qu’on pourra leur apporter. Quelque part les entreprises le retrouveront cet investissement car si les élèves sont bien formés, ces entreprises auront de bons alternants en leur sein.

Pour en savoir plus sur nos grands projets 2022, rendez-vous sur les-charmilles.fr/taxe-apprentissage/

Et je dirai aussi que ce lien que je partage avec ces entreprises, quand je leur fais part de notre requête pour la TA, c’est aussi pouvoir rester en veille marché. C’est a dire que quand je rencontre les entreprises, elles nous font part de certains besoins. Par exemple cette année, on met en place le nouveau BTS GTLA (Gestion des Transports et Logistique Associée). On ne l’a pas sorti du chapeau ce BTS. Ce sont les entreprises qui nous demandent si on a cette formation, car elles ont des besoins, mais l’école la plus proche est trop loin. A partir de la c’est intéressant de mettre en place cette formation, et de mettre en alliance les témoignages des entreprises, avec une mise en place de cette formation. C’est ça aussi rencontrer les gens pour la TA, c’est aussi tous ces partages qui sont importants et qui permettent de montrer aux entreprises qu’on en fait bon escient.

On a des gros groupes qui sont parfois partagés, car ont besoin par exemple de beaucoup d’ingénieurs. Et ces groupes sont tentés de donner leur TA à des gros groupes scolaires qui forment ces ingés, mais ils doivent aussi savoir qu’ils peuvent nous donner une part du biscuit, qu’on peut se le partager, car elles ne sont pas obligées de tout nous donner. En participant, ça peut nous permettre d’acheter une souris, l’an prochain ils nous permettront d’acheter un ordinateur.

Moi je dis toujours que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Il n’y a pas de petites ou de grandes participations.

Mon 3eme rôle est d’amener a réfléchir sur cette solution d’alternance, car on est tous les mêmes, on a tous le nez dans le guidon dans le travail et il faut parfois prendre du recul : pourquoi opter pour l’alternance ? Il y a plein de raisons de le faire. Il est parfois difficile de recruter, il faut anticiper ce recrutement d’une nouvelle personne au sein de l’entreprise, alors que l’alternant on le façonne à sa façon, ils sont tout neufs donc on sait qu’ils répondront exactement à notre façon de voir les choses au sein de l’entreprise. Je crois qu’il faut emmener les entreprises à prendre du recul par rapport à ça et savoir que ça peut etre, pas LA solution mais UNE des solutions qui peuvent etre appréciées des entreprises.

Quelque part c’est aussi une démarche citoyenne, on doit transmettre ce savoir faire à la jeune génération c’est important. Des fois on pense qu’on a beaucoup à leur apporter mais des fois les jeunes apportent beaucoup de choses à l’entreprise.

Donc je suis leur contact pour tous ces besoins la, qu’ils n’hésitent pas, je me ferai un grand plaisir de les suivre dans toutes ces démarches.

D’autres projets actuels que tu mènes ?

J’organise aussi des jobs dating au sien du CFP. Il y en aura 4 dans l’année, tous les 1ers mardis de mai, juin et juillet. On propose aux entreprises de s‘inscrire, afin de leur présenter des candidats. Déjà pour l’entreprise c’est un gain de temps, car ils viennent et pourront recevoir plusieurs candidats en même temps, peut être trouver la pépite à ce moment-là, puis pour les candidats ça les entraine aussi aux entretiens. Donc tout le monde y trouve son compte. C’est une première, on met en place cette année, on est ravi car on a déjà un franc succès, avril et mai sont déjà complets.

Et puis on met en place 2 petits déjeuners, le jeudi 7 avril et jeudi 2 juin, de 8h à 9h, le matin. L’idée est bien évidemment de passer un moment convivial, de partager une tasse de thé ou de café, et c’est surtout fédérateur car on rassemble des entreprises qui viennent, puis on va proposer des thématiques, des sujets. Ça peut être « je recrute un alternant » car c’est pas comme un salarié. Ça peut aussi être une thématique sur les aides de l’état qui existent, des infos a donner. Ça peut simplement etre du réseau pour rencontrer d’autres entreprises, on veut que ce soit un moment à la fois convivial et à la fois intéressant pour les entreprises afin qu’elles y trouvent toutes les infos nécessaires à la belle aventure de l’apprentissage.

Ça peut être l’occasion d’inviter des anciens étudiants qui sont sur Datalumni qui ont peut être envie de reprendre contact ou qui peuvent avoir des besoins aussi ?

Tout à fait, des anciens qui travaillent dans une entreprise ou qui ont monté leur propre entreprise, oui. Car il y a un certain lien affectif quand même qui se créé. J’ai eu ce matin quelqu’un dans une entreprise qui me dit « j’ai fait toute ma scolarité aux charmilles ». Hier pareil, au téléphone. Spontanément, il y a un lien d’affect. Les Charmilles c’est ça aussi. Ça reste très collaboratif. Il y a un échange quoi, c’est génial. Tu sais, j’ai eu le témoignage d’une entreprise qui est venue à la soirée remise des diplômes et qui m’a dit : j’ai pris conscience à cette soirée comment les référents portent leurs classes avec cœur. » C’est vrai que dans l’ensemble ils ont tous cette volonté de mener a bien les projets des jeunes, tout en ayant une grande promiscuité avec l’entreprise. L’entreprise, le jeune et les charmilles ça ne fait qu’un. Quand les jeunes sentent ça, ils se sentent portés aussi, c’est important.

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